Partis à la recherche des violoneux que la vague puissante de l’accordéon musette avait relégués à l’arrière-plan au cours des années 1930, quelques jeunes musiciens, inspirés par le mouvement folk et pour la plupart venus de grandes villes, ont arpenté le Limousin d’est en ouest et du sud au nord à partir des années 1970. Fruit de leurs recherches, un disque 33 tours, « Violoneux corréziens », publié en 1979, allait porter à la connaissance d’un vaste public un répertoire et des styles qu’on croyait perdus depuis longtemps. De nouvelles pratiques s’appuyant sur les collectes réalisées se sont ensuite développées, et ce jusqu’à nos jours, avec toutes les adaptations, les mutations et les expériences variées qui sont la marque des musiques populaires.
Mais les collecteurs étaient arrivés trop tard pour Michel Meilhac, décédé en 1967. Le souvenir en était cependant resté dans quelques mémoires et lorsqu’en 1982 j’ai retrouvé son fils, dentiste à Limoges, c’est avec une très grande émotion que j’ai découvert les enregistrements qu’il avait gardés de ce musicien exceptionnel. Bernard Meilhac m’avait accueillie, lui, avec une joie mêlée de soulagement. La parution de « Violoneux corréziens » lui avait fait craindre que son père ne soit maintenant totalement oublié. Ma visite lui donna l’espoir que ce père chéri et admiré allait pouvoir accéder de nouveau à la reconnaissance qu’il méritait. Il me prépara une cassette de copies diverses qui furent plus tard complétées par d’autres sources.
Puisse la publication des documents sonores rassemblés et numérisés, 40 ans après cette première rencontre avec Bernard Meilhac, maintenant décédé, être un nouvel hommage au magnifique musicien qu’a été son père.